L'Architecture à la Française du milieu du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, 2013, rééd., 350 p., 165 fig. -

L'Architecture à la Française, publiée pour la première fois en 1982, rééditée en 2001, est une description de la manière française de construire, s'appliquant particulièrement – mais pas exclusivement – à l'époque moderne. Avant les travaux de J.-M. Pérouse de Montclos, le traitement que les historiens d'art appliquaient à cette période, réduite aux effets de la dialectique du baroque et du classicisme, masquait la présence de phénomènes de longue durée et conduisait à une sorte de dématérialisation de l'art de construire. Les rapports entre maîtres d'œuvres et ouvriers, les modes de transmission des savoirs, la localisation des pratiques, les incidences des techniques et de leur progrès, des fonctionnements et de leur affinage appliqués aux chois esthétiques, sont constitutifs d'une histoire de l'architecture. La démonstration de J.-M. Pérouse de Montclos ne s'appuie pas sur le présupposé de génies nationaux, mais sur la confrontation des manières locales et sur le témoignage des contemporains, hautement conscients de la diversité des pratiques d'un pays à l'autre. La distinction traditionnelle entre architecture savante et architecture populaire en ressort atténuée. Ce n'est pas un hasard si un tiers de l'ouvrage est consacré à la stéréotomie, qui touche aux sciences comme aux techniques et aux matériaux (géométrie, perspective, taille de la pierre) et apparaît comme une spécificité française d'origine médiévale. Dans ce système d'explication, le classicisme n'est pas un style, mais une idéologie portée par le développement de la production des traités, tendant à faire prévaloir l'idéal d'une architecture universelle, mais constamment récupérée par les manières dominantes de bâtir en quête de consécration, cherchant notamment à l'ériger en modèle pour l'architecture européenne. Un ouvrage devenu un classique pour les amateurs d'architecture comme les étudiants et historiens de l'art.